souvenirs du village

Les chemins oubliés

F. MECHOUCHE, Les chemins oubliés

“ayavridh soun medan, yemghid lahchich dhi lathrik. …” dans l'ancien temps les chemins du village serpentent les quartiers les hameaux, avant le tracé du chemin du Aroumi. Qui a éventré les plus belles parcelles, tel est le prix du progrès nous cédant une grande partie de nous, de notre beauté, de notre peine, le chemin carrossable apporte sans contestation le mieux être,  la facilité, nous avons troqué le mulet l'âne contre les voitures et camions, hélas les premiers engins et moyens de locomotion  qui ont brisé le silence ancestral de notre montagne et de notre village furent les engins de guerre, le roumi nous a dupé, nous a menti il nous a facilité le passage, nous a spolié, cédé nos plus belles parcelles au monstre mécanique qui dévore tout sur son passage, pour mieux nous dominer et nous asservir.
Ainsi  nos chemins oubliés ,nos villages transformés des hameaux agonisant au fil des années abandonnés , délaissés, engloutis par la broussaille,  emportés par le temps qui passe. Jadis ces chemins remplis de vie rythmés par le claquement des fer à sabots, et la boue laissée par les bêtes dans tous les sens vers la fontaine, vers les champs vers larva le souk.......des quartiers nouveaux  ont vu le jours, des hameaux, des sentiers et des chemins sont oubliés et partis pour toujours......



Aux saisons des récoltes les soirs au retour au village, les sentiers et chemins débordent de gens et bêtes dans une harmonie de confluents de fleuves vers l'amant, les sentiers parfois restreints dessinent une chorégraphie synchronisée de passages en priorités, les bêtes broutent par ci par là l'herbe fine poussée aux flancs des talus, retardant la grande marche abrupte et sinueuse. Donnant un répit aux femmes surchargées au dos de branches de bois, ou paniers d'olives. Une vraie fourmilière vers l'amant les hommes drapés dans leurs burnous ornés par un turban, un bracelet montre miroite les derniers rayons de soleil du crépuscule, attaché jalousement au bouton du gilet sous le burnous, dernier vestige du passage en Europe. Des visages fiers, hâlés par le soleil, buriné par le dur labeur, paire de moustache surélevée aux extrémités, donnant une allure de fermeté, de virilité et parfois de dureté. Les sentiers et chemins souvent escarpés truffés de pierres ne gênent guère les pieds de femmes  souvent nus, qui les contournent avec adresse et habileté.
Au crépuscule les sentiers et chemins ce vident de leurs sève de leurs essences,  laissant place a un silence majestueux et un noir âpre, pour revivre une nouvelle fois à l'aube. ....

Farid MECHOUCHE.


Avrid oudhar

Auteur, Farid MECHOUCHE